AVIS: L'abbé Muzo se trouvant inopinément indisponible, suite aux ignominieux mensonges proférés à son encontre par un jeune scout affriolant, la rédaction de cette notice a été assurée par son sacristain. |
Les cloches d'Étables-sur-Mer ont tinté sur un rythme bien allègre, en ce 25 octobre 1998, à l'heure où sur la place Saint-Pierre bondée de nonnes en liesse, de Polonais en goguette et d'un car de Japonais égarés, notre Saint Père Jean-Paul II (mais je n'en pense pas moins) proclamait la béatification de l'enfant du pays, notre chère petite Anne-Thérèse Guérin - en religion Mère Théodore. |
![]() |
Une enfant charitable. |
Dans les fermes de la Ville-Durand, on récite encore à la veillée, entre deux lampées de chouchenn, maintes anecdotes qui sont autant de leçons d'abnégation et de charité. Combien de fois ne vit-on pas la frêle enfant, à la nuit tombée, pousser à travers les chemins bourbeux, dans le vent et la tempête, la lourde brouette où croupissait son père accablé par l'ivresse?
On raconte aussi qu'un jour qu'elle revenait des Douves-Gourio, rapportant l'unique oeuf qui ferait la pitance journalière des ses trentre-six frères et soeurs, elle rencontra au détour d'une haie un pauvre hère aviné quémandant bruyamment l'aumône. Toute embrasée d'une sainte pitié, la pieuse enfant n'hésita guère, et saisissant le petit couteau dont elle se curait ordinairement les ongles, elle trancha l'oeuf en deux. Il était frais: ce fut finalement un vieux chien mécréant qui, d'un preste coup de langue, vint profiter de ce beau geste.
Une nonne très-dévote. |
L'aimable couvent de la Providence, à Ruillé (Sarthe), coulant des jours heureux sous le doux climat de la vallée du Loir, procura un refuge à l'infortunée jeune fille (1823). C'est dans le calme douillet de ce saint lieu, entourée de la tendre affection de sa supérieure et de la joyeuse complicité de ses consoeurs en religion, qu'elle s'employa, dix-sept ans durant, à faire mûrir et fructifier sa belle et grande Foi chrétienne.
Une missionnaire ardente. |
Là, jour après jour elle enseigna le Pater aux indigènes,
en échange de quelques belles peaux de renard ou de castor. Jusqu'à sa
mort (14 mai 1856), elle y déploya une activité qu'on pouvait d'autant
plus croire édifiante qu'on n'en savait pas grand-chose au pays.
Le témoignage d'un Tagarin de souche, noté vers cette époque et que
nous rapportons mot pour mot, est éloquent sur ce sujet:
"L'Anne-Thérèse? Dame! Elle est ben trop occupée à ses pieuseries
pour nous écrire des cartes postales!"
Des mérites reconnus. |
Vers la canonisation. |
Le bruit court qu'un émissaire secret du Vatican, savamment travesti pour échapper à la curiosité des estivants (on dit l'avoir vu ratisser son jardin en pyjama !), sillonne la région à la recherche d'une belle et solide preuve de sainteté : quelque source un peu glauque, mais miraculeuse, ou la carcasse d'un dragon en travers d'un chemin creux. Mais si, sur une goulée de Lambig lichetronnée sous l'invocation de la bienheureuse femme, vous vous sentez tout soudain emplis d'une douce béatitude, n'hésitez pas à le contacter : il saura en nourrir son dossier.
Pour plus d'informations, consultez le site des Soeurs de la Providence. |
![]() |